Ioreldir Arunitir, Dolguzagar

Minas Tirith, 23 mai 2935, Troisième Âge du Soleil.

Le feu crépitait dans l'âtre de la cheminée, réchauffant doucement les froides pierres de la grande salle de la demeure familiale. Attablé le long de la grande table de frêne noire, un homme attendait, une main posée à plat sur le bois et la seconde sur le front. Il avait le visage légèrement incliné de sorte que les flammes ne laissaient pas apparaître ses yeux. Il était d'une imposante stature, les cheveux légèrement grisonnants et la barbe importante. Du moins, on ne voyait que cela de sa personne.

Le crépuscule perçait faiblement au travers des larges fenêtres de la pièce. La nuit allait tombé le long du Mindolluin, plongeant ainsi la Cité Blanche dans sa torpeur relative. Les feux commençaient à être allumés dans les rues par les Soldats. Laissant ainsi quelques lumières dans la nuit.

La maison était silencieuse, tout du moins en apparence. A l'étage, dans une des chambres à coucher deux femmes étaient affairées. L'une à donner la vie et la deuxième à assister la première. Les cris de douleur de la dame résonnaient dans la maison et les serviteurs faisaient silence dans chaque pièce, que ce soit dans les cuisines ou autre part.

Après de longues heures, un cri de nouveau-né perça le calme de la nuit. L'homme se leva de toute sa stature et se dirigea vers la chambre. Il ouvrit doucement la porte, désireux de voir son héritier ou son héritière, il ne le savait pas encore.

Entré dans la pièce, il fit signe à la servante de s'en aller, son travail étant accompli. Il se dirigea ensuite vers le lit de sa bien-aimée auprès de laquelle il se pencha. Celle-ci le regarda de ses yeux de jais, un grand sourire aux lèvres.

"Ki-tuda...Thôr zirân..."* dit-elle, épuisée des efforts qu'elle avait fournit, tendant l'enfant à son mari.

L'homme prit soigneusement son enfant entre ses bras, observant son héritier de ses yeux de jade. Il passa doucement sa main le long du front de son fils en souriant, celui-ci répondit par quelques soubresauts de surprise puis se rendormit aussi vite qu'il fut réveillé par son père.

"Ki-bitha Ioreldir yâdi. Thôr Arunitir. Thôr Númenor."** dit l'homme en déposant un léger baiser sur le front de son fils avant de le rendre à sa femme et de la laisser se reposer.



Les années passèrent et le garçon grandit, gagnant en stature, en prestance ainsi qu'en force.
Élevé comme le sont les Dúnedain, les descendant de Númenor, il fut instruit par ses parents aux arts de la guerre mais aussi à l'érudition pour ne pas oublier ses racines ainsi que pour en savoir plus sur le monde qu'ont forgé les Avallô pour les Nmîr et les Adûni. Il apprit ainsi la langue de l'Est enfouie sous les flots, la langue de son peuple l'Adûnaic, mais également la langue des Nimîr ainsi que le Westron, langue parlée par les Adûni d'une grande partit d'Arda.

Son père lui enseigna l'art de la guerre afin qu'il puisse défendre le Royaume des descendants de Tar-Minyatur.
Sa vingt-et-unième année atteinte, Ioreldir s’enrôla dans l'armée du Gondor, grande fut la joie de son père de voir son hériter suivre ses traces sur le sentier de la gloire.

Peu de temps après son entrée en service dans l'armée, il s'éprit d'une femme qu'il épousa. Il consuma son mariage pendant quelques années mais, sa femme périt, emportée par une maladie dont le remède était inconnu.

Les années passèrent au service de l'armée du Gondor et les Intendants se succédèrent, Echtelion II laissa ainsi sa place à Denethor II.
Sous son Intendance, Ioreldir monta rapidement les échelons de l'armée, la guerre contre le Mordor et Zigûrun avait reprit et la défense des frontières du Gondor était devenue primordiale.

C'est lors de ces escarmouches que Ioreldir s'illustra par un fait d'armes. Il tint tête à un groupe d'Orques lors d'une escarmouche le long de l'Anduin à quelques milles d'Ostgiliath. Attendant les renforts de la Cité Blanche, il combattit des heures durant sous la chaleur écrasante du sud du Gondor.
Les renforts arrivèrent enfin, assistant à un rare spectacle, un soldat du Gondor victorieux contre un groupe d'Orques. A cela, il reçut le titre de Dolguzagar de la part de ses paires, la Lame contre la Nuit.

Son fait d'arme fut rapporté à l'Intendant et Ioreldir fut ainsi nommé Capitaine. Longtemps il garda ce poste avant de se faire nommé Garde de la Tour Blanche d'Echtelion par l'Intendant, haute distinction parmis les Adûni du Pays de la Pierre.

Mais la guerre continuait, faisant toujours plus de victimes. A cela l'Intendant tenta une action brutale et risquée, la reprise d'Ostgiliath. Il nomma son fils Boromir à la tête de la force d'attaque.

Ioreldir fit partit de l'attaque et après de rudes combats, la cité fut reprise bien que en ruines. Cette grande victoire fut célébrée par tous mais alors que la fête battait son plein, l'Intendant vint féliciter les troupes et envoya son fils pour une mission spéciale qu'aucun ne découvrit vraiment son objectif.

Ioreldir quant à lui fut nommé pour se rendre en Eriador afin d'explorer l'Angmar et de glaner des informations sur la possible réapparition du Faux-Roi du Nord, le Fléau de la Tour de la Lune.

Abandonnant sa contrée natale à contre-gré, il se rendit donc en Eriador, dans les Terres de l'Ancien Arnor pour accomplir sa mission, et également pour assouvir une certaine vengeance vis-à-vis du Faux-Roi et du mal qu'il avait causé à sa patrie.

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*: Regarde...Ton fils...
**:Tu seras Ioreldir. Fils des Arunitir. Fils de Númenor.

Je suis... Sans voix... Ce background m'impressione, Io', j'ai vraiment hâte d'entrer en contact avec toi afin de voir ton niveau de mes propres yeux... Vraient hâte !

En tout cas, je te dis " Chapeau " pour ce magnifique texte.

Merci Eonord.
Mais, c'est vraiment un résumé de l'histoire de mon Dúnadan, j'aurais pû rajouter bien plus de trucs mais je me suis retenu de peur que ca fasse un peu trop long à lire.

J'aime aussi.
Ca change des "Machin vint en Eriador pour accomplir sa vengeance contre l'Angmar..."

(Je suis raisonnable, je vous l'ai fait en version française.)

Croisement de l'Anduin et de l'Erui, Gondor, 19 juin 3002, Troisième Âge du Soleil.

La nuit était très avancée, l'aube allait poindre dans les heures arrivantes. Malgré la nuit, la région était encore chaude, comme balayée par les vents chauds du désert du Harad.

La petite compagnie de soldats avait monté leur camp au croisement de l'Anduin et de l'Erui en attendant l'arrivée de la relève d'Osgiliath. Peu de soldats dormaient, tous étaient à cran et le calme mortel de la région ne pouvait arranger les choses. Cependant on pouvait entendre dans le camp le crépitement du feu et les pierres affûtant les lames.

Ioreldir se tenait debout, sa claymore plantée à ses pieds dans la terre meuble, une torche à la main il scrutait l'horizon, les sourcils légèrement froncés. Un soldat s'approcha de lui, saluant son Capitaine avant de parler.

"_La région est calme Capitaine...Beaucoup trop de calme, cela énerve les hommes, nous ne devons rester ici plus longtemps. La relève doit se dépêcher.
_Nos ordres sont de rester le temps de l'arrivée de la relève. Nous ne devons désobéir à l'Intendant, quelque en soit le prix, le Gondor compte sur nous." fit Ioreldir sur un ton sec mais néanmoins rempli de sympathie.

Le soldat repartit en direction du feu au centre du camp. Ioreldir quant à lui continua de scruter l'horizon, toujours aussi nerveux.
Ses craintes se matérialisèrent vite, des formes bougeaient dans la nuit, un peu plus grande qu'un Homme mais plus désorganisées. Ioreldir fronça plus fortement les sourcils, tentant de discerner qui étaient ces formes.

Malheureusement, il n'eut pas le temps de les discerner, un cri résonna dans le camp, celui d'un soldat, une lame émoussée venait de lui transpercer la gorge. Au bout de la lame se trouvait la main griffue d'un Orque, ses yeux orangés luisant dans la nuit, le feu laissant des reflets rougeoyant sur son armure de métal noirci.

Tout les soldats se relevèrent, empoignant leurs armes, prêt à se défendre. Ioreldir, laissant tomber sa torche et pris sa claymore en main et courut vers sa compagnie.

"Thangail!"* Hurla-t-il en se ruant vers le centre du camp.

Les soldats tentèrent d'adopter la formation mais il était bien trop tard, l'attaque fut rapide et mortelle. Beaucoup moururent de suite. Arrivé au centre du camp, il n'était plus que quatre. Ioreldir, son frère de bouclier et deux soldats.

Ils se défendirent du mieux qu'il purent mais une volée de flèche transperça la gorge des trois soldats. Ioreldir serra un peu plus la poignée de son épée, elle était brûlante tout comme l'était la région.

Les Orques quant à eux riaient. Ils riaient de voir ainsi un Capitaine s'accrocher autant à la vie. Deux Orques coururent vers Ioreldir pour tenter d'en finir mais il échouèrent. Ioreldir transperça le premier de sa lame avant d'empoigner son couteau de botte et de transpercer la gorge du second. Il retira la lame de sa claymore qui venait de se recouvrir de sang noir.

Les Orques sentirent un frisson parcourir leur échine.

"Glob búbhost!"** hurla un Orque et à ce cri tout les Orques se ruèrent sur Ioreldir de toute leur hargne.

Le combat fut éclair et à au levée du jour, la relève tant attendu arriva enfin. Arrivant aux abords du camp, un spectacle inattendu les attendait.

Le Dúnadan se tenait de toute sa hauteur au milieu des cadavres des Orques et des Fils du Gondor. Son armure était mêlée du sang noir des Orques et de son propre sang, sa lame était devenu noire.

Malgré ses blessures, il tenait encore debout, il lâcha ensuite sa lame et se dirigea vers la relève qui ne dit mot, ébahie par se spectacle rare.

Soudain, un cri déchira ce silence, c'était le Capitaine de la relève, ce cri stoppa Ioreldir dans son avancée.

"Dolguzagar!" hurla le Capitaine.

Ce cri fut reprit aussitôt par la relève pendant quelques minutes avant que Ioreldir ne leur fasse signe de ce taire, afin d'honorer la mémoire des défunts de cette triste nuit.

Ioreldir ouvrit la bouche et se mit à chanter un chant monotone, une ode aux défunts. Une larme coulant le long de sa joue, emportant avec elle la crasse du sang.

"Ki-nâkhi izinda thôr Gondor niyad Agân thâni. Urîn bêla batan-zê'n ki thâni."***

Seuls ces mots furent entendus par les soldats présents, ils préfèrent oublier le reste car cela fut trop triste à entendre.

Un cheval fut donné au Capitaine pour qu'il puisse regagner la Cité Blanche accompagné d'un soldat.

La route fut longue et le climat harassant mais ils arrivèrent sans encombre à Minas Tirith.

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*: Formation en cercle avec les boucliers en avant propre au Gondor.
**:Homme stupide en Noir parler.
***:Bienvenu dans le Royaume de Mandos Fils du Gondor. Puisse le Soleil éclairé votre chemin dans ce royaume.